Compte rendu de la réunion débat du
25-11-2008 au Capitole
Devant
une salle quasiment pleine (+ de 150 participants) : André Buisson a
accueilli à la tribune l’ensemble des décideurs territoriaux en matière
d’infrastructures routières ainsi que les représentants de la Sécurité et
de la Prévention Routière. Il a présenté sommairement le déroulement de la
soirée en trois parties :
-
Commentaire d’un diaporama préparé par Louis Aït Mouhoub
afin de rappeler quelques définitions sur la
terminologie « cyclable », les insuffisances actuelles et les
solutions envisageables etc.
-
Intervention des responsables pour Alès et le Grand
Alès ; le Conseil Général (Routes et
Tourisme) ; la Sécurité Routière et la Prévention Routière.
-
Témoignages de quelques personnes dans la salle puis débat
en toute liberté.
1ère partie : environ
½ heure. Diaporama « Partageons la
route »
André
Buisson a fait œuvre pédagogique car bien des cyclistes ignoraient les
différences entre piste cyclable, voie cyclable, voie verte… etc. Poliment
mais sans complaisance, il a fait un constat de carence dans la région
cévenole en général et le secteur alésien en particulier en montrant
quelques exemples de « pièges à vélos ». Enfin, il a exposé des
solutions peu onéreuses et rapidement efficaces pour améliorer l’existant
notamment en agglomération (théorie de l’intérieur vers l’extérieur). Il a
rappelé et démontré au passage (chiffres à l’appui) la validité du slogan
de notre future association : « Le vélo c’est bon : pour
la santé, pour le porte-monnaie et pour la planète »
2ème partie :
interventions des élus et
techniciens.
- M. Salaix,
délégué à l’Office Municipal des Sports représentant le
député-maire et Président de l’Agglo et du Pays, avait une situation
délicate tant Alès est en très retard pour faciliter l’usage du vélo.
Après avoir dit tout son intérêt personnel pour le vélo et reconnu
implicitement les retards, il a affirmé que désormais la municipalité
était en phase avec l’objectif de « Partageons la Route », il a
parlé du projet de piste cyclable et passé rapidement la parole à M.
Viguier, responsable de la voierie pour Alès et l’Agglo. Ce dernier a
présenté le projet de piste cyclable qui traversera Alès du Sud au
Nord du giratoire de la Lucquette jusqu’au
raccordement de la rocade Nord, en passant le long du Gardon, sur le champ
de foire et en traversant le Pont Vieux. Soit 8 km et seulement 8
intersections. Les discussions sont en cours avec les services de l’Etat
pour des acquisitions foncières. Il faut boucler le budget (3 à 4 millions
d’euros) : si le montage financier se fait en 2009 (avec l’aide du
Conseil Général qui s’est engagé pour 400.000 euros), il faudra 3 ans pour
réaliser ce chantier. Donc au mieux on pourra circuler sur cette piste en
fin 2012 / 2013 !
-
M. Denat (Vice-Président du Conseil
Général délégué aux Routes)
Ravi du
succès de cette réunion consacrée au vélo, il a résumé
« longuement », avec un diaporama la politique du Conseil
Général reprise dans le schéma départemental des aménagements cyclables.
Sans langue de bois, il a reconnu que pendant des années le vélo avait été
le grand oublié de la politique routière du C G. En 2000 seulement 100.000
francs c’est à dire guère plus de 15.000 euros étaient consacrés au
« vélo » contre 2,5 millions d’euros aujourd’hui. La prise de
conscience progressive des retards, les enjeux écologiques et touristiques
etc.…sont à l’origine de cet effort financier visant à développer les
multi usages du vélo. Le dramatique accident de Vauvert a marqué les
esprits. Il a signalé qu’aujourd’hui, 50% des français
ne savaient pas faire du vélo en raison notamment de l’insécurité
cyclable qui décourageait les parents. Il souhaite inverser la tendance en
misant en particulier sur la pratique du « vélo loisirs familial
» pour aller vers le « vélo utilitaire et populaire ». C’est
pour cela que l’effort est ciblé sur les voies vertes et certains
itinéraires routiers à sécuriser (présentation de la carte). A noter que
le km de voie verte coûte entre 100.000 et 200.000
euros c'est-à-dire que la réalisation de 10 km/an de voie verte peut
absorber les ¾ du budget annuel destiné au vélo ! Depuis 2005, le
Gard a adhéré à l’association des départements cyclables. Enfin,
il s’est engagé à travailler avec les associations et « Partageons la
route en Cévennes » serait pour lui un partenaire
intéressant. Il a proposé qu’autour de M. Bousquet
(responsable secteur d’Alès), l’association soit intégrée au Comité
Technique Permanent et donc consultée avant tout aménagement routier ou
balisage. On peut et on doit présenter des projets.
M.
Affortit (Président du Comité Départemental du Tourisme et
responsable du Tourisme au Grand Alès). Il
indique que le tourisme est la première activité dans le Gard. Cela
représente : 16.000 emplois et 20 millions de touristes. Un des
attraits de notre département est constitué par les randonnées. Depuis
Robert Louis Stevenson, le nombre de randonneurs à pieds, à cheval (ou
avec des ânes) a fortement progressé. La pratique des randonnées à vélo
(cyclo ou VTT) se développerait plus si les aménagements étaient plus
importants. Il a reconnu avec M. Denat, qu’il y avait beaucoup à faire
pour atteindre le niveau de certains départements comme la Drôme. Des
circuits mieux sécurisés sont à faire et à baliser. Pour cela, le
CDT serait prêt à écouter et à aider le mouvement
associatif qui doit faire des propositions.
M.
Malinovski (Représentant de la Préfecture pour la Sécurité
Routière)
Il a
précisé le rôle de la Sécurité Routière, organisme d’Etat dont l’action
vise à limiter les accidents et donc le nombre de victimes de la route
quel que soit le type de moyen de déplacement. Selon lui,
il n’y a pas eu de décès lié à un accident vélo en 2008
(il a du oublier au moins le cas de cette pauvre fille du coté de St
Ambroix). Il a évoqué les enjeux stratégiques à l’échelon
planétaire en faisant référence au réchauffement climatique. Pour marquer
les esprits, il a cité l’exemple de la région de New York qui était
recouverte d’un kilomètre de glace il y a 10.000 ans avec une température
moyenne inférieure seulement de 6 degrés à celle d’aujourd’hui.
Qu’arrivera-t-il si en quelques décennies la température progresse de 5 à
6 degrés ?
Pour son action de sensibilisation des usagers, la
Sécurité Routière dispose de moyens (formateurs et outils comme des
simulateurs) qu’elle peut mettre à la disposition d’associations qui
présenteraient des projets. Elle souhaite d’ailleurs étendre son
partenariat avec les associations, l’Education Nationale, Jeunesse et
Sports, et les collectivités
territoriales.
M. LE-Dù
(Représentant de la Prévention
Routière)
Il est revenu sur l’accidentologie en citant
quelques chiffres (ex : 80% des victimes ne sont
pas responsables de l’accident qui les frappe). Puis, il a insisté sur le
rôle formateur de son association en milieu scolaire. Si en 2000, on a
failli abandonner la formation sécurité vélo, depuis la P. R. l’a
fortement développée pour atteindre le chiffre de 14.000 enfants formés en
8 ans, suppléant ainsi les parents qui ont peur de l’insécurité urbaine.
Il a insisté sur les aménagements à faire mais aussi pour les
automobilistes et cyclistes sur cette notion de partage
de la chaussée notamment avec les piétons.
En rappelant fort justement qu’en ville « un piéton ce
n’est qu’un automobiliste qui a réussi à se garer ».
3ème partie :
témoignages et libre débat
Cette partie qui fut la plus animée et la plus riche
d’expériences diverses permis de constater une forte attente de la salle
en matière de développement d’une pratique sécurisée du vélo. Les
accidents, les équipements de protection, le rôle bénéfique du vélo pour
les cardiaques, le projet en faveur des déplacements doux de l’Ecole des
Mines pour relier les lieux d’études et de vie des étudiants,
la peur qui accompagne le cycliste en agglomération notamment sur
les ronds-points, les dangers de certaines chaussées (tel : 0800
540 530 pour prévenir les services compétents), le
souhait de mettre en place rapidement des solutions non
idéales mais indispensables pour circuler à deux roues à moindre risque,
la fréquence des blessures suite à des accrochages, les promesses passées
non suivies d’effets…etc. tout cela fut évoqué spontanément
par de nombreux intervenants. Face à ce flot de témoignages,
MM Saleix et Denat, un peu sur la défensive, ne purent
que rappeler leur souhait de prendre en compte ces demandes mais en tenant
compte de leur réalisme. Pour M. Denat, s’il faut
améliorer le réseau cyclable en particulier sur Alès et ses environs, il y
a aussi des routes qui ne sont pas recommandées pour les cyclistes :
sur ces routes là, il ne mettra pas les panneaux « Partageons la
route » qu’il a promis pour le Nord du département.
La
dernière intervention pondérée d’une dame qui habite Alès depuis 20 ans
résuma bien le sentiment général. En gros, contrairement à bien d’autres
régions de France, la politique du vélo est restée en
« jachère » sur Alès, il ne sert à rien de le nier mais il faut
faire avancer rapidement mais sûrement le projet en collaboration avec les
décideurs qui semblent mieux disposer à nous écouter….enfin !
André
Buisson conclut la réunion vers 23h30 après 3 heures de débat. Il
invita les clubs à nommer un responsable sécurité pour les sorties en
groupes et les municipalités à élire ou désigner un correspondant ou un
adjoint à la sécurité. A noter que presque tous les participants sont
restés jusqu’au bout ! A la sortie, le bordereau de pré inscription à
la future association « Partageons la Route en
Cévennes » a été largement distribué.
Conclusion : la
1ère étape de notre action a été une réussite. Malgré la
concurrence « déloyale » du football : faire salle comble
avec un temps pareil, fallait le faire. Le débat a bien eu lieu, tous les
aspects ont été évoqués, avec courtoisie mais sans complaisance. Cela a dû
marquer les esprits de nos politiques. A nous de savoir en profiter et de
les prendre au mot par des propositions ciblées bien argumentées.
|